DANS LES COULISSES DU VOYAGE

Dans les coulisses du paysage, vous allez plonger dans l’univers …

du cahier,

Blotti, presque embusqué dans votre sac à dos, prêt à fondre sur votre stylo, je suis celui que vous avez déniché au fond d’un bazar poussiéreux, entre deux ustensiles de cuisine, au milieu de sacs de riz, sur un étal de marché, à la sauvette au coin d’une rue, de marque Ramsons Tiger, Panther, Rahul, Vimal, Jyoti, Chandan, Srun Nguon, Diethnez, à carreaux, à lignes, d’une blancheur immaculée, en format scolaire, en carnet de commandes, en bloc, à spirale, broché, collé, scotché, en carton rigide, souple, en moleskine, en cuir, de toutes les couleurs, uni, chamarré.
Page béante, papier haletant, j’attends que vous me preniez dans vos mains et que vous m’emplissiez de votre avancée voyageuse, de votre échappée belle, de vos déceptions, de vos douleurs, de vos rêves, de votre quotidien…

de la pince à linge,

De plastique ou de bois, je suis celle qui par grand vent va sauver votre lessive d’un brutal ravissement.
Cependant, mon utilisation en voyage ne se résume guère à pincer vos habits.
Je suis celle qui va fermer, par exemple, un sac de chips ou n’importe quel contenant entamé ou pour éviter de mauvaises odeurs provenant dudit sachet.
Je puis également servir à tendre une carte sur un fil lorsque celle-ci a essuyé la pluie et qu’il faille l’étendre…

du ventilateur,

Lorsque je suis au plafond, mes larges pales de bois ou de métal suggèrent celles d’un avion à hélices, alors certains d’entre vous se laissent volontiers bercer par mon élan jusqu’à m’imaginer vous convier à un vol au-dessus de la ville.
Lorsque vous êtes debout, je fourrage dans votre chevelure, j’aère votre esprit.
Couchés, je vous hypnotise jusqu’à vous endormir et vous embarquer dans des rêves aériens…

de la moustiquaire,

Rose, bleue, blanche, parfois vert-militaire, carrée, rectangulaire, ronde à cerceau de bambou, à rideau, à fente, imprégnée de répulsif ou non, je suis la compagne fidèle de vos nuits tropicales, la fée gardienne de l’assaut nocturne d’insectes indésirables.
Mes quatre points d’attache vous donnent pourtant pas mal de soucis lorsque fourbus, claqués par une journée de bus bondés, de troisième ferroviaire, d’auto-stop déficient vous pénétrez dans une chambre d’hôtel dégotée à la lueur, dénichée à la brune qui ne possède pas toujours la moustiquaire adéquate : fenêtres aux moustiquaires trouées, portes moustiquaires défoncées, etc…

Et de bien d’autres encore.

Ces compagnons de voyage en chemin et à l’étape vont vous interpeller, vous surprendre par leur perspicacité, leur clairvoyance, leur jugement sur le monde, leur sens de la répartie.